Liminaire à l’histoire de l’Imprimerie

Les affres de l’éditeur/ rédacteur de communications liant histoires techniques et sociales, art et société au XIXe siècle dans les champs du savoir des imprimeurs, lithographes, typographes et autres calés du point et des encres et des papiers.

« Le tour de force qui a été la réalisation de livres imprimés et illustrés offre un exemple frappant de la multiplicité de découverte individuelle que requiert l’apparition de résultats nouveaux. Dans son ensemble cet accomplissement nécessitait l’invention préalable du papier et des encres grasses, celle de la xylographie, le perfectionnement de la gravure sur bois, la mise au point de presse et de techniques spéciales de pressage adaptées aux besoins de l’imprimerie. En un sens, l’histoire même du papier, distincte de celle de l’imprimerie, quand il faut bien se rendre compte que l’imprimerie n’aurait pu se répandre, pour la peine si l’on n’avait pas disposé de ce support. Le parchemin est difficile à manier, coûteux et n’est disponible qu’en quantité rigoureusement limitée, les livres seraient restés un produit de luxe, si l’on n’avait disposé que du parchemin pour les imprimer. Le papyrus est rugueux fragile et impropre à l’imprimerie. L’importation en Europe depuis la Chine des techniques de fabrication de papier chiffon a donc été une importante condition préalable. Aujourd’hui, on connaît de façon certaine l’origine de ce produit et les stades de son long voyage de ‘Extrême-Orient à  l’Europe, de sorte que la chronologie des diverses étapes a pu être établie avec exactitude. » Marshall McLuhan (1911-1980).

L’histoire d’un original – Lord Stanhope .

L’histoire de Charles Stanhope – Un aristocrate scientifique (1753-1816)

Un noble peu ordinaire : Charles Stanhope, 3e comte Stanhope, naît à Londres le 3 août 1753 dans une famille aristocratique britannique privilégiée. Éduqué à Eton puis à l’Université de Genève où il étudie les mathématiques et se passionne pour la liberté. Il est élu à la Royal Society à seulement 19 ans. Le démocrate radical : Contrairement à son milieu aristocratique, il se fait appeler « Citoyen Stanhope », sympathise avec les révolutions américaine et française. En 1795, il propose une motion contre l’interférence avec la France et se retrouve en « minorité de un » – un surnom qui lui restera toute sa vie. L’inventeur prolifique : Il invente deux machines à calculer, une presse d’imprimerie, une lentille de microscope, une machine de stéréotypie, une voiture à vapeur, un ciment durable et une ardoise artificielle. La presse révolutionnaire (vers 1800) : Vers 1795-1800, Stanhope crée la première presse d’imprimerie entièrement métallique, synthèse des améliorations précédentes. La rigidité accrue du fer et un système innovant de leviers permettent d’obtenir une pression beaucoup plus forte, passant de 200 à 250 feuilles par heure.

Le geste généreux – mais pas d’envie de fortune : Stanhope était un scientifique aisé plus intéressé par l’avancement technologique que le profit. Il choisit de ne pas breveter sa presse pour que son invention puisse se répandre dans le monde entier et améliorer l’imprimerie. Conclusion : Contrairement à d’autres inventeurs, Stanhope n’a pas cherché la fortune avec sa presse révolutionnaire. Aristocrate fortuné, il a préféré le progrès de l’humanité au profit personnel, offrant gratuitement son invention au monde entier. Il meurt le 15 décembre 1816 à Chevening, Kent, dans le domaine familial – riche de naissance, généreux par conviction

Vitrine des expositions de livres et des éditions au musée AMI Malesherbes.

Bouquinistes et librairies

Les bouquinistes, vendant des livres d’occasion, ont été reconnus par la loi en 1822 et ont évolué au fil du temps.

La réglementation du prix du livre a été un enjeu majeur pour les libraires, avec la création de syndicats pour défendre leurs intérêts.

La Chambre syndicale des libraires de France a été fondée en 1892 pour réglementer le secteur. ​

LES ENCRES D’IMPRESSION AU XIXe SIÈCLE

(archives de l’industrie graphique française)

L’encre d’imprimerie au XIXe siècle connaît une révolution industrielle et chimique sans précédent.    Contexte de transformation (1800-1850), avec les presses en fonte de Stanhope (1800) puis les rotatives de König (1814). L’explosion de la demande et  un défi technique majeur qui est l’adaptation aux nouvelles vitesses d’impression : Les encres traditionnelles artisanales ne convenaient plus aux cadences industrielles (rotatives atteignant 1000 exemplaires/heure vers 1850).

Nécessité d’encres à séchage rapide mais restant fluides sur les rouleaux. L’innovation : la chimie des pigments, avec entre autres la découverte du bleu de Prusse synthétique (déjà connu mais industrialisé vers 1820).  Et une Révolution (ter/quarte/quinte on en les compte plus..) : Les couleurs d’aniline issues du goudron de houille (Perkin, 1856).      Grâce à cette composition modernisée, c’est un remplacement progressif du noir de fumée artisanal par le noir de carbone industriel qui induit la standardisation du matériaux avec de l’huile de lin cuite et des additifs chimiques contrôlés.                                                           Une introduction de résines fossiles (colophane) et de vernis synthétiques, s’impose en utilisation par l’application (milieu XIXe siècle) de la typographie des journaux.

Couplant : Pigment : Noir de carbone léger pour séchage rapide.& Liant : Huile de lin faiblement cuite + pétrole lampant dont la particularité est une encre à bon marché,et au séchage par absorption/ Pour la lithographie commerciale c’est toujours le Pigment : Noir de vigne ou noir d’ivoire qui est utilisé pour la finesse et en liant soit un vernis lithographique (huile cuite + cire). Innovation : Encres grasses spécifiques pour la pierre calcaire Chromolithographie (impression couleur) : De nombreux pigments avec une Palette élargie (vermillon, chrome jaune, outremer artificiel). Liant : Vernis transparent pour superposition des couleurs servant l’excellence et l’exclusivité pour cette méthode jusqu’à 20 passages pour les œuvres de luxe

Industrialisation et commerce.

Vers 1860 en France   c(‘est la création des grandes fabriques d’encres (Lorilleux à Paris, 1818). Avec une production annuelle dépassant les 1000 tonnes. On peut se féliciter d’une forte exportation mondiale des encres françaises de qualité.  Mais Rattrapé par l’inovation anglo-saxonne avec leur développement des encres pour rotatives rapide et les Brevets sur les siccatifs au cobalt et manganèse qui assoit la domination britannique sur le marché des encres de presse. Fin du siècle : Introduction des pigments azoïques (1880). Mécanisation complète du broyage (broyeurs à cylindres). Normalisation internationale des qualités d’encres.

Clavier – la machine à écrire

Invention de la machine à écrire, les Dates clés : 
  • 1868 : Christopher Latham Sholes, Carlos Glidden et Samuel W. Soule déposent le brevet de la première machine à écrire vraiment fonctionnelle. 
  • 1er mars 1873 : Remington rachète le brevet pour 12 000 dollars et commence la fabrication.
  • 1874 : Commercialisation de la Remington No.  1 (Sholes & Glidden), première machine à écrire produite en série avec succès. 
  • 1878 : Le modèle Remington 2 introduit les minuscules, tournant révolutionnaire.
  • Entreprises les plus célèbres : 
  • Remington – E. Remington and Sons, fabricant d’armes qui se diversifie dans les machines à écrire 
  • Underwood – Underwood No. 5 (1900) : la machine standard du XXe siècle, avec frappe visible 
  • IBM – IBM Selectric (1961) : révolutionne l’industrie avec son mécanisme à boule pivotante 
  • Olivetti – Olivetti Lettera 22 (années 1950) : modèle portable apprécié des écrivains, design élégant…
  • Autres marques : Blickensderfer (1892), Hermes-Baby par Paillard-Bolex (1935-1989) 
  • Machine de Kœnig et Baeuer

Le Papier révolutionne les supports d’impression au XIXe siècle

Papier au XIXe

Les Papiers dans l’Industrie de l’Impression au XIXe siècle

Révolution (B,T,Q, Q ?) technique et transformation culturelle.

L’histoire du papier au XIXe siècle est celle d’une métamorphose industrielle sans précédent, qui transforma radicalement les conditions de production et de diffusion de l’écrit. Au seuil de ce siècle décisif, l’industrie papetière demeurait prisonnière de traditions séculaires : le papier se fabriquait encore feuille à feuille, à partir de chiffons recyclés, dans des moulins dispersés le long des cours d’eau. Cette production artisanale, héritée de cinq siècles de savoir-faire, se heurtait désormais à une demande croissante qu’elle ne pouvait plus satisfaire. Cette autre « révolution » commença en France, dans les dernières années du XVIIIe siècle, avec l’invention de Louis-Nicolas Robert. Employé à la papeterie d’Essonnes, jeune homme il imagine en 1798 une machine capable de produire du papier en continu, sur une toile métallique sans fin. Son brevet, déposé le 18 janvier 1799, marquait la naissance d’une nouvelle ère.

Cependant, c’est en Angleterre que cette invention trouva son plein développement. Les frères Fourdrinier, Henry et Sealy, perfectionnèrent le dispositif entre 1803 et 1807, créant la machine qui porterait leur nom et qui permettrait bientôt de produire jusqu’à trente mètres de papier par minute. En une décennie, cette mécanisation fit chuter les coûts de production de moitié, rendant le papier plus accessible et ouvrant la voie à une véritable explosion de la consommation.

Mais la véritable révolution vint de la découverte de nouvelles matières premières. Depuis le Moyen Âge, le papier occidental se fabriquait exclusivement à partir de chiffons, ces vieux textiles patiemment collectés par les chiffonniers. Or, la demande explosait : journaux, livres, documents administratifs, affiches commerciales réclamaient toujours plus de papier. La pénurie de chiffons menaçait d’étrangler cette industrie naissante. C’est un modeste tisserand saxon, Friedrich Gottlob Keller, qui apporta la solution en 1843. Il imagina de réduire le bois en pâte par un procédé purement mécanique, utilisant de grandes meules de grès pour broyer les fibres. Son invention, brevetée en 1844, ouvrait l’accès à une ressource quasi illimitée : les forêts d’Europe et d’Amérique.

Au terme du XIXe siècle, l’industrie papetière avait accompli sa mue spectaculaire. La production avait été multipliée par cent, plus de cinq cents types de papiers différents étaient désormais disponibles, et l’accès universel à l’écrit était devenu réalité. Cette transformation avait facilité l’alphabétisation massive, permis l’essor de la presse quotidienne, et ouvert de nouveaux horizons à la création artistique avec l’affiche et la chromolithographie. Les avancées technologiques permirent également de diversifier les usages du papier, transformant ainsi la manière dont l’information et la culture étaient diffusées au sein des sociétés.

Pourtant, cette réussite portait en elle les germes de défis futurs. La tension entre quantité et qualité, l’impact environnemental de l’industrie, les problèmes de conservation des papiers acides constitueraient les grandes questions du XXe siècle. L’héritage de cette période n’en demeure pas moins fondamental : en un siècle, le papier était passé du statut de denrée rare et chère à celui de support démocratique du savoir et de la culture, accomplissant ainsi sa mission historique dans la diffusion des Lumières et l’émancipation des peuples par l’écrit.

En résumé, la transition du papier au XIXe siècle est une illustration frappante des changements sociaux, économiques et culturels d’une époque en pleine mutation. Pour les intéressé.e.s, le document complet est à votre disposition pour approfondir ces transitions et découvrir plus en détail les innovations qui ont jalonné cette période charnière de l’histoire de la technologie et de l’écrit.

Note : (F) L’Alfa : graminée méditerranéenne dont la fibre servait au XIXe siècle à fabriquer du papier d’impression de luxe. La production industrielle a décliné, mais elle subsiste encore en Tunisie (SNCPA).

Imprimeurs et typographes célèbres

Parmi les noms marquants revient celui de Didot,  dynastie du monde de l’imprimerie vers 1730, dans une activité qui perdurera jusqu’au seuil de 1980. Avec François Ambroise Didot, (1730-1840) l’ introduction du cylindre hollandais dans la papeterie française contribue à la mise au point de la presse à un coup, il développe une activité de fonderie et inventera établira une nouvelle unité de mesure typographique (le point Didot -1775). Son fils Pierre Didot (1761-1853) accompagne les bouleversements politiques qui surviennent à la révolution, consolide la position institutionnelle de l’entreprise en à peine cinq ans, posant comme un partenaire exclusif des marchés dit réservés. Il est l’imprimeur du Sénat en 1800 de la cour impériale en 1812 puis du roi Louis XVIII, lors de la première restauration. Firmin Didot (1764-1838), puis son fils Ambroise Firmin-Didot, (1790-1876), développent les relations étroites avec l’institut et les académies. Didot éditeur, des sixième et septième édition du dictionnaire de l’académie française de 1837 et 1877 Ambroise Firmin Didot helléniste et savant reconnu, fut membre libre de l’académie des inscriptions est des Belles Lettres en 1872. Didot = créations typographique, mais pas que.. Firmin. Didot a par ailleurs contribué à l’invention de la stéréotypie que l’on évoquera plus loin. Il fut également un grand graveur de caractère et inventeur développant moulin à papier et techniques de création du papier. Grand entrepreneur de l’imprimerie attentive à l’innovation il participe au progrès technologique de plusieurs secteur concomitant papier / gravure / illustration / composition / impression, malgré la séparation croissante des fonctions ils maintiennent également parfois une activité d’édition.

Une Histoire de l’Imprimerie et de la chose imprimée.. :

« Somme toutes, les compagnons puis plus tard les ouvriers typographes ou imprimeurs ont été longtemps à la pointe des revendications sociales et politiques mais aussi esthétiques en favorisant la Bibliodiversité . Leurs statuts d’intellectuels ouvriers ainsi qu’une hérédité prestigieuse mais partiellement fantasmée leur ont confié la préservation, l’amélioration et la transmission d’un patrimoine universel ( leurs savoir-faire) destiné à apporter la lumière aveuglante de la vérité au monde. Un rôle qu’ils ont eu à cœur d’assumer pleinement et qui a fait leur fierté et leur identité professionnelle et culturelle ». Une histoire de l’imprimerie et de la chose imprimée » . Olivier Deloignon .

Séquence Film de presse lithographique, le pressier et ses assistants – AMI Malesherbes.

Lithographie, l’art délicat des surfaces entre le gras et l’eau.

Le principe de la lithographie développé par Aloïs Senefelder bavarois (1771 -1834) à partir de 1796 repose sur le recours à une Pierre calcaire.

L’anecdote (X) de sa marque au crayon d’une liste de blanchisserie sur une pierre de son seuil. C’est par cette tension naturelle qu’est la répulsion entre l’eau et les corps gras, c’est-à-dire l’encre système et un crayon gras comme trace d’une forme sur une Pierre lisse, la pierre est mouillée (humectée) puis on efface cette trace et l’on presse un rouleau encré. Soudain se sont les zones oléo plies du crayon accueille donc l’encre qui est repoussé des zones mouillées humides sur la Pierre. La feuille de papier est ensuite pressée sur la Pierre et l’on renouvelle l’encrage normalement à chaque feuille.

Expliqué ainsi cela peut paraitre simple, ou diablement obscure.. mais il faut garder à l’esprit que les derniers Lithographes professionnels devaient suivre une formation très exigeante de plus de trois ans et quelques années d’apprentissage avant d’être nommés maitres lithographes. (Z) Maitriser le trait dessiné, à la plume, la calligraphie entre autres procédés, autant que d’avoir également une maitrise de l’orthographe et des sciences communes.

à ce propos : la procédure pour les imprimeurs lithographes en France jusqu’aux années 1950 , une formation par l’apprentissage

L’apprentissage durait 3 à 4 ans (sujet de conflit entre syndicats ouvriers qui revendiquaient 4 ans et l’administration qui imposait 3 ans).

Contrat : À partir de la loi du 20 mars 1928, le contrat écrit d’apprentissage devint obligatoire. Le Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) Création : Le CAP d’« imprimeur lithographe » fut créé le 30 avril 1932 pour le département de la Seine. Spécialisations : En 1944, un CAP spécifique « lithographie (reporteur et conducteur) » fut homologué. En 1953, le CAP « imprimeur lithographe offset » fut créé. Conditions : Cours professionnels obligatoires durant l’apprentissage Examen de fin d’apprentissage obligatoire Le règlement général fut homologué le 1er septembre 1950, puis révisé en 1960 Restrictions : Le nombre d’apprentis était limité à 20% dans le secteur du Labeur (travaux commerciaux), et interdit dans la Presse.

La découverte fortuite d’Aloys Senefelder

L’anecdote de la blanchisseuse  Munich, 1796. Aloys Senefelder, jeune acteur et auteur dramatique né à Prague en 1771, cherche désespérément un moyen d’imprimer ses pièces de théâtre et ses partitions musicales à peu de frais. Pratiquement ruiné, il ne possède presque plus rien, ni argent, ni mobilier.

Le moment décisif : Un jour, n’ayant pas de papier sous la main, Senefelder écrit sur le pavage du sol les comptes de sa blanchisseuse.  Sa mère lui demande de noter la liste du linge confié à la blanchisseuse. Faute de papier, il utilise l’une de ses pierres polies sur laquelle il inscrit la liste avec une encre à la cire qu’il emploie ordinairement pour ses retouches.  Il encre ensuite la pierre avec un vernis d’huile de lin très épais et de noir de fumée, la lave à l’eau de savon, l’encre de nouveau avec un tampon, et l’épreuve réussit  assez bien. Il découvre ainsi le principe jouant sur l’antagonisme chimique des surfaces de pierre restées nues (hydrophiles) et celles  qui reçoivent l’encre grasse (hydrophobes).

La réponse légendaire : Quand on demandait plus tard à Senefelder comment il avait réalisé sa merveilleuse découverte, il répondait simplement : « En écrivant le mémoire de ma blanchisseuse ».  La lithographie est brevetée par Senefelder à Munich en 1799. Mais l’invention ne lui assure pas la fortune. Au contraire :Les déboires financiers : Senefelder n’est pas un homme d’affaires. Johann André (X) lui offre 2 000 florins pour son procédé et devient son associé.  Senefelder se retrouve concurrencé par des ouvriers qu’il a formés ou des investisseurs qui rachètent les brevets. Carl Strohofer publie en 1806 « le Secret de la lithographie », s’attribuant l’invention de Senefelder. Entre 1807, Senefelder et Gleissner signent un contrat pour imprimer des lithographies ; l’entreprise fait faillite en 1809.

Fin de vie modeste : En 1822, Senefelder quitte Paris pour Munich où il touchera une pension jusqu’à sa mort le 24 février 1834. Il avait ouvert contre l’avis de sa femme une boutique rue Servandoni à Paris – sans succès apparent.

 Conclusion : Malgré son génie inventif, Senefelder termine sa vie avec une simple pension, ayant vu d’autres s’enrichir avec son procédé, faute de sens commercial. Son invention a fait la fortune de nombreux imprimeurs, mais pas la sienne.

bis.. Johann André – Éditeur et compositeur de musique 

Il y a en fait deux Johann André de la même famille :

1.Johann André (le père) Né à Offenbach-sur-le-Main le 28 mars 1741, mort le 18 juin 1799, compositeur, éditeur de musique, chef d’orchestre et librettiste allemand. Fonde sa maison d’édition musicale en 1775 ou 1776 à Offenbach. En 1799, plus de 1 000 titres figurent au catalogue.

2.Johann Anton André (le fils) Né le 6 octobre 1775 à Offenbach, mort le 6 avril 1842, éditeur de musique et compositeur, reprend l’affaire familiale en 1799.

Le lien avec Senefelder : En 1799, Johann Anton André achète les droits d’impression lithographique à Aloys Senefelder ; il engage ce dernier pour développer ce nouveau procédé dans sa maison d’édition à Offenbach.

Senefelder accepte de collaborer avec André et lui accorde le droit d’utiliser sa technique pour la première fois en 1800 pour le propre opéra d’André.  Autre acquisition célèbre : En 1799, André acquiert des manuscrits de Mozart auprès de sa veuve Constance : plus de 270 œuvres dont Les Noces de Figaro, La Flûte enchantée.

Panneau d’illustration procédé de Stéréotypie Musée AMI Mlaesherbes

Naissance de la stéréotypie

David Bellos

« L’idée fondamentale de tous les procédés de stéréotypie est de remplacer la forme de caractères mobiles par un bloc solide ou cliché portant le texte en relief. L’avantage d’un cliché est qu’on peut le déplacer, l’emmagasiner et le réutiliser au fur et à mesure des besoins, sans que cela nécessite une nouvelle composition coûteuse ni immobilise un grand stock de caractères. Les premiers clichés de ce genre furent réalisés dès la fin du XVI* siècle en Hollande, en soudant les caractères les uns auxautres. Entre 1725 et 1739, l’orfèvre édimbourgeois William Ged réussit à mouler des formes avec du plâtre et à couler des planches imprimantes à partir de ces formes. Le procédé était connu à Erfurt avant 1740, et on le retrouve en Écosse, chez l’imprimeur Foulis, vers 1780. En 1786, F.-I.-J. Hoffmann lança le prospectus de son Journal polytype (stéréotype), qui ne parut jamais; la même année, l’imprimeur Carez, à Toul, fabriqua desmatrices métalliques (en étain) à partir de caractères mobiles en forme. En 1795, Firmin Didot imprima lesTables de Logarithmes de Callot avec des planches moulées (stéréotypées), et l’année suivante Louis-Étienne Herhan (1768-1855) déposa un brevet d’invention pour la fabrication de pages-matrices à partir de matrices-types mobiles – une idée qui finira par donner les machines monotype. Après 1799, Didot fabriqua des clichés stéréotypes des classiques du domaine public et les vendit aux autres imprimeurs ;un très grand nombre d’exem- plaires de Racine, de Molière, de Voltaire, etc. furent imprimés sous l’Empire et la Restauration avec ces stéréotypes Didot. »

Doré Gustave – Photographie NADAR 1858

Un artiste n’est rien sans son graveur..

Gusatve Doré ( 1832 -1883) Héliodore-Joseph Pisan (1822-1890)

Parcours

Fils d’un cordonnier de Lorgues, il monte à Paris à 14 ans et apprend la gravure sur bois auprès de Jean Best, fondateur de l’atelier ABL (Andrew, Best, Leloir).

En 1842, il grave les Scènes de la vie publique et privée des animaux de Grandville pour l’atelier ABL.

Collaboration avec Gustave Doré

Il devient le principal interprète de Gustave Doré, gravant la majorité de ses illustrations. Ses chefs-d’œuvre : L’Enfer, Don Quichotte et La Bible de Doré.

Expertise technique

Considéré par Henri Beraldi comme l’un des plus grands graveurs sur bois de bout du XIXe siècle, il est un acteur majeur du développement de la gravure de teinte, permettant le rendu des demi-teintes.

Famille d’artisans

Ses deux frères furent également graveurs : Théodose (1824-1846) et Anthelme (1826-1911).

Reconnaissance

Chevalier de la Légion d’honneur en 1883 Wikipedia

Également peintre et aquarelliste (expositions au Salon dès 1849)

L’offset

Etapes : Image gravée sur une plaque souple (souvent en aluminium).

Mouillage : parties non imprimantes reçoivent de l’eau.

Encrage: l’encre grasse n’adhère qu’aux parties à imprimer . Transfert:

La plaque imprime sur un blanchet en caoutchouc (cylindre intermédiaire). Le blanchet imprime ensuite sur le papier.

Avantages :

Excellente qualité d’image (détails, aplats). Grande vitesse. Adapté à tous types de supports. Naissance des entreprises du cartonnage et des impressions sur plastique que. Compatible avec l’impression en couleurs (CMJN). Influences de l’expression artistique par l’affiche Affiches modernes de masse : campagnes politiques, cinéma, publicité. Réduction du coût accessibilité des images imprimées au plus grand nombre.

Nouvelles possibilités visuelles (dégradés, détails fins, trames photomécaniques).

Les artistes continuent à créer, mais souvent adaptés au cadre industriel (mise en page, quadrichromie). Conséquences techniques ithographie : révolution expressive du dessin imprimé, début de l’affiche comme art.

Offset : prolongement industriel, qui démocratise massivement l’image imprimée sans contact direct de l’artiste avec la plaque — mais en diffusant largement son œuvre, souvent à une échelle inédite.

La récente exposition d’Orsay « l’image dans la rue » est un exemple d’évolution d’affiche d’un même thème de 1880 à 1930, la galerie de l’image rue de Seines retrace également de nombreux artistes et ateliers, histoires d’affiches.

L’histoire de Johannes Gutenberg – L’inventeur ruiné (vers 1400-1468)

Un orfèvre ambitieux : Johannes Gensfleisch_,_ dit Gutenberg, naît vers 1400 à Mayence en Allemagne, dans une famille d’orfèvres et de monétaires (1). Formé aux techniques du travail des métaux précieux, il maîtrise la fonte, la gravure et les alliages compétences qui seront cruciales pour son invention révolutionnaire.

L’idée géniale : Vers 1450, à Mayence, Gutenberg met au point l’imprimerie à caractères mobiles métalliques en combinant plusieurs innovations : les caractères en plomb coulés dans des matrices, une presse adaptée du pressoir à vin, et une encre grasse spéciale. Son _chef-_d’œuvre : la Bible à 42 lignes, achevée vers 1455, considérée comme le premier livre imprimé en Occident.

Le partenaire qui devient rival : Pour financer son projet coûteux, Gutenberg s’associe avec Johann Fust, un riche orfèvre de Mayence, qui lui prête 800 puis 800 guldens supplémentaires des sommes considérables. Mais les travaux prennent du retard et coûtent plus que prévu.

Le procès fatal : En 1455, alors que les premières Bibles sortent à peine de presse, Fust réclame brutalement le remboursement de ses prêts avec intérêts. Gutenberg ne peut payer. Le procès tourne au désastre : Fust obtient l’atelier, les presses, les caractères, les matrices tout le fruit du génie de Gutenberg. Fust s’associe alors avec Peter Schöffer, l’ancien ouvrier de Gutenberg qui connaît tous les secrets techniques, et continue à imprimer sous son propre nom, s’appropriant la gloire et les profits.

La fin amère : Gutenberg tente de reconstruire un atelier avec l’aide de nouveaux mécènes, mais ne retrouvera jamais sa prospérité. En 1465, l’archevêque de Mayence lui accorde une pension modeste et des vêtements de courtisan une charité pour ses vieux jours.

Il meurt le 3 février 1468 à Mayence, pratiquement dans l’indigence, ayant révolutionné le monde mais n’en ayant tiré aucune fortune. Son invention, qu’il n’a jamais pu breveter, s’est répandue dans toute l’Europe, enrichissant des centaines d’imprimeurs mais pas son créateur.

L’ironie cruelle : L’homme qui a rendu le savoir accessible à tous est mort pauvre et oublié. Ce n’est que des siècles plus tard qu’on a reconnu en Gutenberg le père de la révolution de l’information, l’inventeur dont le génie a changé l’Histoire mais qui n’en a jamais profité.

La famille Gensfleisch maîtrisait la fonte des métaux et la gravure de poinçons pour la monnaie : compétences qu’utilisa Gutenberg pour créer les caractères mobiles. Anecdote : Gensfleisch (‘chair d’oie’) était le vrai nom de famille de Gutenberg. Ironie symbolique : la plume d’oie servait à l’écriture manuscrite, et _’_Chair-d’Oie invente la machine qui la rend obsolète.

Mot de la fin à Marshall McLuhan

«  L’imprimerie a trouvé les encres grasses chez les peintres plutôt que chez les calligraphes, les plus petites des presses à vins ou à catir (tisser et lisser les draps par une calandre) les draps incorporaient la plupart des éléments essentiels de la presse d’imprimerie. Les principaux problèmes à résoudre relevaient des arts de la gravure et de la coulée des métaux. On avait besoin de l’orfèvre et de plusieurs autres artisans pour réunir la famille d’inventions qui constituent l’imprimerie. C’est une histoire tellement complexe qu’on a pu se demander ce que Gutenberg avait inventé. Hucher répond malheureusement qu’il n’existe pas de réponse tranchée, parce que nous ne disposons vraiment d’aucun témoignage valable de cette époque. Sur le menu des méthodes de fabrication des premiers livres. La même chose s’est produite dans les usines Ford où l’on n’a pas consigné le détail des opérations du montage des premières voitures. Comment l’apparition de l’imprimerie a-t-elle influencé la société de l’époque ? C’est la réponse à cette question que nous cherchons, tout comme les historiens de l’avenir tenteront de relever la liste des conséquences de la radio sur le cinéma ou celle de la télévision sur l’attitude des gens face à de nouvelles sortes d’espaces de diffusions et de communications. Il a sans doute été naturel à Rabelais dans son cinquième livre, de chanter les louanges du livre imprimé comme fruit nouveaux du pressoir à vin :

Bien que Rabelais n’utilise pas le terme technique moderne de « presse à imprimer » comme un ingénieur le ferait, il file une métaphore puissante entre l’action du pressoir à vin et la diffusion de la pensée.

Dans ce chapitre, la prêtresse Bacbuc explique que le savoir n’est pas enfermé, mais qu’il doit être « extrait ». Elle compare le livre à une bouteille et le processus de révélation à la transformation du raisin :

« Les feuilles de ce livre ne sont point de papier, ni de parchemin… mais de la matière d’une plante nommée Vitis [la vigne]. »

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